Rapport de l'AIEA sur l'Iran, mai 2008

Le 28 mai 2008, le Conseil des Gouverneurs de l'AIEA a publié un nouveau rapport sur l'avancée du programme nucléaire iranien, suite à la demande formulée par le Conseil de Sécurité de l'ONU dans ses résolutions 1737 (2006), 1747 (2007) et (2008).

Le texte intégral du rapport est disponible ici:

AJC et le rapprochement franco-américain

L'American Jewish Committee travaille au rapprochement franco-américain. Valérie Hoffenberg revient sur le voyage de parlementaires organisé par AJC-France au Moyen-Orient et sur le déplacement du Président N. Sarkozy à Washington.

Son interview est disponible en vidéo sur cette page.

François Fillon à l'Annual Meeting 2008




François Fillon, Premier Ministre
Richard Sideman, Président, AJC

Diner à la Maison Blanche

Valérie Hoffenberg, Directrice, AJC France
Nicolas Sarkozy, Président de la République

Voyage d'AJC France au Moyen Orient 1/4 - 2007


De gauche à droite :
Christophe Guilloteau, Député du Rhône
Michel Grall, Député du Morbihan
Shimon Peres, Président de l'Etat d'Israël
Valérie Hoffenberg, Directrice, AJC France
Claude Goasguen, Député de Paris, Président du groupe d'amitié France Israël
Haïm Musicant, Directeur exécutif, CRIF

Interview Valérie Hoffenberg AJC

En mai 2007, Valérie Hoffenberg a été interviewée par l'American Jewish Committee. Vous pouvez retrouver la vidéo ici.

La première radiodiffusion juive sur le sol nazi, 1944

Voici la première radiodiffusion juive sur le sol nazi à la fin de la seconde guerre mondiale en 1944. Le rabbin Lefkovich dirigea une prière à Aachen retransmise par la NBC en collaboration avec l'American Jewish Committee.

Un document exceptionnel accessible ici.

Discours David Harris à l'Assemblée Nationale, avril 2005

Déclaration de M. David A. Harris Directeur Exécutif de l'American Jewish Committee devant la Commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale

Paris, le 14 avril 2005

Monsieur le Premier Ministre, Mesdames et Messieurs les Députés membres de la Commission des Affaires étrangères :

Je suis très honoré de l'occasion qui m'est offerte aujourd'hui de m'exprimer devant vous. Je vous remercie vivement de votre invitation.

En ma compagnie se trouve une délégation de l'American Jewish Committee qui vient de visiter plusieurs capitales européennes dans le but d'approfondir et d'étendre le dialogue transatlantique.

En préambule, permettez-moi de dire quelques mots sur l'American Jewish Committee.

Notre organisation a été créée voici y a près d'un siècle en réponse aux pogromes qui sévissaient alors contre les Juifs d'Europe de l'Est. Dès le début, l'AJC a poursuivi deux buts complémentaires. Le premier était d'assurer la sécurité des communautés juives, tant dans le monde qu'aux États-Unis, et de leur porter assistance. Le second, directement inspiré de la tradition prophétique du judaïsme, était d'apporter notre contribution au bon fonctionnement politique et social des sociétés où nous vivons.

En conséquence, durant tout le vingtième siècle et jusqu'à aujourd'hui, notre institution s'est impliquée profondément dans le combat pour défendre et étendre les droits de l'homme, les libertés individuelles, et la dignité de la personne humaine.

Ce faisant, nous avons puisé aux sources des valeurs les plus pérennes de la Révolution française. Nous n'avons pas oublié que la France, quand elle s'est tournée vers la démocratie, n'a pas hésité à accorder aux Juifs la pleine citoyenneté, donnant ainsi l'exemple au reste du monde.

Il n'est donc pas surprenant que nous nous placions fermement du côté d'un monde pluraliste, fondé sur des valeurs démocratiques de respect et de tolérance mutuels.

Mais nous nous trouvons engagés dans une course contre la montre.

D'une part se tiennent tout ceux qui veulent construire un monde harmonieux, dans lequel le développement politique, économique, technologique et social progresse tant au sein des nations qu'à travers des frontières de plus en plus ouvertes.

Mais de l'autre se trouvent ceux qui usent de la violence, en particulier au nom de la religion, pour nous maintenir dans un état de tension permanente. Si l'on peut dire que les conflits du vingtième siècle ont été largement le résultat de causes idéologiques, je crains bien que ceux du siècle présent ne soient eux causés par la religion, ou plus exactement par les abus de celle-ci.

Le professeur Samuel Huntington de Harvard a écrit un livre fameusement controversé, "Le Choc des civilisations". Je comprends ses raisons de choisir ce titre, mais je pense qu'il aurait été plus approprié de parler du "Choc dans les civilisations".

Car les lignes de faille ne se trouvent-elles pas, en réalité, au cœur même de certaines civilisations religieuses? Les membres de tel ou tel groupe rejetteront ainsi la validité d'autres croyances; se targueront d'un lien exclusif à un Être suprême; insisteront sur la centralité de la religion dans l'exercice du pouvoir de l'État; et justifieront ainsi l'emploi de la violence dans l'accomplissement de leur vision. Mais dans le même groupe, on trouvera aussi d'autre membres qui eux respectent la foi d'autrui tout en adhérant à la leur; qui considèrent que la religion est une affaire de conscience individuelle et non de politique étatique; et qui n'ont nul besoin de dénier à autrui ses convictions dans le seul but de mieux affirmer les leurs.

Ce qui rend cette question particulièrement urgente, c'est la réalité indéniable de notre entrée dans une ère d'accès facile aux armes de destruction massives pour tous ceux qui sont déterminés à imposer leurs vues obscurantistes. Nous avons déjà fait l'expérience des extrémités auxquelles de telles forces sont prêtes à aller. Il faudrait un défaut total d'imagination pour ne pas envisager les dangereuses éventualités qui menacent notre avenir immédiat.

C'est précisément pourquoi nous nous trouvons dans une course contre la montre, aux enjeux exorbitants.

A l'American Jewish Committee, nous sommes convaincus qu'il n'existe pas de façon simple, encore moins unique, de faire face aux défis qui nous attendent. Aucun individu, aucune nation n'a de monopole de la sagesse en ce domaine. En tant qu'hommes de bonne volonté, nous devons être à l'écoute les uns des autres, avec des oreilles et un esprit ouverts; et ainsi apprendre les uns des autres. Néanmoins, certaines choses nous semblent évidentes.

Les démocraties de la Terre ont créé quelque chose qui vaut la peine d'être défendu.

Pierre Mendès-France écrivait dans "La République moderne", “La démocratie est d’abord un état d’esprit.” Il avait évidemment raison.

Certains ont peut-être cédé à un tel relativisme moral et culturel qu'ils s'en trouvent aujourd'hui incapables de distinguer entre la liberté et la tyrannie, entre une société ouverte et une société d'oppression. D'autres sont en proie à une telle culpabilité, un tel embarras du confort qui est le leur au sein de nos nations démocratiques, qu'ils en sont poussés à idéaliser chaque société et chaque dirigeant qui s'opposent radicalement aux nôtres. Nous devons nous garder de céder ni à l'une, ni à l'autre de ces tentations.

Il est inacceptable que dans une société libre, des élus de la représentation nationale doivent vivre dans la clandestinité; ou que des femmes soient traitées en inférieures; ou que des professeurs en viennent à craindre d'enseigner certaines matières dans leurs classes; ou que des responsables religieux puissent prêcher la violence contre les sociétés mêmes dans lesquelles ils vivent; ou que des individus exigent de l'État un respect alors qu'ils sont incapables de reconnaître leurs propres obligations à la société; ou que n'importe quelle communauté puisse être désignée du doigt et attaquée à cause de sa religion, de son appartenance ethnique, de sa race ou de toute caractéristique distinctive.

La démocratie, quelles que soient ses imperfections, a libéré le potentiel de l'être humain comme nul autre système. Elle a apporté la démonstration éclatante que la liberté et la dignité sont indivisibles pour tous les membres de la race humaine. Et quand il arrive à la démocratie de faillir, elle a ses propres mécanismes de correction. Enfin, oui, la démocratie a construit de larges régions de paix et de prospérité sur la planète.

Parmi ces vastes régions, le développement de l'Europe de l'après-guerre se distingue particulièrement. L'évolution de l'Union européenne, depuis le rêve de Robert Schuman et de Jean Monnet jusqu'à sa réalité actuelle, est extraordinaire. La guerre est aujourd'hui impensable entre les nations membres de l'Union. Vous avez montré au monde ce que l'on peut réussir quand des hommes d'État ont la vision et le courage nécessaires pour dépasser la gestion quotidienne et élever leur regard vers de plus larges horizons. En conséquence, vous avez beaucoup à partager avec d'autres régions du monde, voisines ou éloignées, qui pourraient bénéficier d'expériences d'une audace comparable.

Ainsi que l'Europe l'a prouvé au cours des cinquante-cinq dernières années, nous augmentons d'autant nos chances de succès devant les défis planétaires que nos nations démocratiques savent travailler à l'unisson, et non dans la cacophonie. Il est bien évident que les intérêts nationaux et régionaux ne convergent pas toujours exactement – comment en serait-il d'ailleurs autrement? – mais nous ne devrions jamais perdre de vue les plus larges enjeux. Nos adversaires communs tirent seuls avantage de nos divisions et de notre discorde. Inversement, quand nous sommes unis face à nos objectifs, il n'est pas de limite à ce que nous pouvons réussir.

Il y a des moments où aucune alternative n'existe à l'usage de la force, comme par exemple pour notre action commune en 1991 en expulsant l'armée irakienne de son occupation éhontée du Koweït, ou, plus récemment, en libérant l'Afghanistan de l'emprise des Talibans, mettant ainsi fin à son rôle de premier sanctuaire terroriste de la planète. La force doit toujours être le recours ultime, mais il vient des moments où elle devient inévitable, car l'alternative est encore moins acceptable. Si les ennemis de nos modes de vie et de nos systèmes de valeurs communs nous estiment faibles, irrésolus, ou indécis, ils n'hésiteront pas à nous défier, et nous paierons alors un lourd tribut.

A d'autres moment, la persuasion diplomatique peut être plus adaptée que la puissance militaire; mais là encore, l'élément essentiel est l'unité. Lorsque le Conseil de Sécurité des Nations unies, mené par la France et les États-Unis, parle d'une seule voix en demandant à la Syrie de mettre fin, une fois pour toutes, à la présence de son armée et de ses services spéciaux au Liban, il semble que cela soit suivi d'effet.

Nus devons aussi, enfin, encourager de façon constante et soutenue le développement politique, social et économique des pays qui ont peiné à mettre derrière eux l'héritage du colonialisme, ou sont victimes de corruption endémique, ou de gouvernements autocratiques, ou de carences de l'attention et du soutien des pays développés, ou de l'addition de plusieurs de ces facteurs.

Permettez-moi de dire que si le développement de ces pays est dans leur propre intérêt, il n'en est pas moins du nôtre. Mais nous n'y parviendrons que si, tels les grands hommes d'État de l'après-guerre, nous savons penser avec audace et agir collectivement, et si nous résistons à la tentation de ne penser qu'à court terme, à ne voir que les avantages immédiats à accepter le statu quo.

Certains aujourd'hui mettent en doute la valeur du partenariat transatlantique, ou d'ailleurs expriment leur profond scepticisme quant à l'avenir de la relation franco-américaine. Ceux d'entre nous qui, des deux côtés de l'Atlantique, croient en ce lien – et pas uniquement pour des raisons de nostalgie historique, encore qu'il existe une histoire riche de signification entre nos deux pays – doivent aujourd'hui se dresser et se faire entendre.

L'American Jewish Committee est à cet égard un partisan convaincu de ce partenariat. On nous traitera peut-être de naïfs, déconnectés de la réalité. Tant pis. Nous continuerons à élever la voix en faveur des liens les plus étroits possibles entre l'Europe et les États-Unis, au service des plus hauts intérêts d'un monde en paix, et en tant que meilleurs garants de la construction d'une planète démocratique, ouverte, et prospère.

C'est précisément dans ce but que, voici juste un peu plus d'un an, en présence de Javier Solana, d'Ana Palacio, de Noëlle Lenoir, et de bien d'autres personnalités européennes représentant tant l'Union européenne que ses gouvernements nationaux; l'AJC a ouvert l' Institut Transatlantique à Bruxelles. Nous voulions démontrer concrètement qu'à ce moment critique de l'histoire, nous savions reconnaître les périls menaçants de la dérive et de la discorde – et que nous acceptions notre obligation d'aider à préserver le front des démocraties.

Nous n'ignorons pas que des divergences se sont déjà manifestées par le passé entre nos deux continents. Considérons un instant ce commentaire extrait d'un compte rendu, pour la revue Commentary (revue publiée sous les auspices de l'American Jewish Committee) de l'ouvrage de Luigi Barzini, "Les Européens": "L'Alliance atlantique est-elle menacée d'explosion? Les signes sont certainement inquiétants. Impossibilité pour l'instant de parvenir à une politique de défense commune... Discorde continuelle sur les questions monétaires. Hors de la zone atlantique propre, dans des régions cruciales comme le Moyen-Orient, les alliés supposés se contrecarrent en réalité plus souvent qu'ils ne s'épaulent... Les États-Unis, selon les Européens, mènent leur politique étrangère de façon impulsive et imprévisible... Du point de vue américain, les Européens rechignent à assumer leur part du fardeau commun, et sont trop enclins à dépenser leurs budgets en mesures sociales de solidarité plutôt que sur la défense." La date de l'article? 1983.

Les optimistes diront que, en dépit des divergences, l'alliance a largement tenu le coup, survivant même à la fin de la Guerre froide. Les pessimistes rétorqueront: "Plus ça change, et plus c’est la même chose." En fin de compte, je me range du côté des optimistes.

Nous sommes bien conscients qu'il y a eu de sérieuses divergences de vues sur une série de questions ces dernières années, y compris le conflit israélo-arabe. Tout en partageant l'objectif d'une solution pacifique du conflit fondée sur la coexistence de deux États indépendants, nous ne saurions nous cacher l'existence de tensions, encore qu'il me semble raisonnable d'espérer que ces tensions se sont trouvées réduites lors des mois écoulés. De fait, la mort de Yasser Arafat et l'élection de Mahmoud Abbas en tant que président de l'Autorité palestinienne ont ouvert une fenêtre d'opportunité. Il nous semble aussi que s'est trouvé révélé, par contraste, l'échec total de l'ère Arafat, au cours de laquelle Israël comme les États-Unis se sont convaincus qu'il n'était pas possible de faire la paix sans l'avènement d'un nouveau leadership palestinien – alors que d'autres, dont la France, tenaient un raisonnement différent.

Nous sommes profondément convaincus qu'aucune nation ne recherche la paix avec plus d'ardeur qu'Israël, et qu'aucune nation n'a pris plus de risques tangibles pour parvenir à la paix avec ses voisins qu'Israël. Et nous sommes bien conscients qu'il faut être deux pour faire la paix.

Lorsqu'un véritable partenaire pour la paix s'est matérialisé, comme dans le cas de l'Égypte et de la Jordanie, la paix avec Israël est devenue une réalité. Et si demain un partenaire de bonne volonté émerge au sein l'Autorité palestinienne, rôle que nous espérons vivement voir tenu par le président Abbas, la paix deviendra à nouveau réalité. Mais nous ne devons pas nous laisser tenter de prendre nos désirs pour des réalités. Il faut savoir rester conscients des faits objectifs. Nous verrons avec le temps si le président Abbas a non seulement la volonté, mais aussi la capacité de maintenir son autorité, tout particulièrement sur les factions extrémistes et armées palestiniennes. Si c'est le cas, alors il y aura de véritables raisons d'espérer pour l'avenir des Israéliens comme des Palestiniens.

Monsieur le Premier Ministre, Mesdames et Messieurs les membres de la Commission :

Je m'adresse à vous en tant que fils des États-Unis et petit-fils de l'Europe, tout particulièrement de la France. Mes parents, nés sous d'autres cieux, trouvèrent tous les deux refuge en France, ma mère chassée par le communisme, mon père par le nazisme. Leur seule langue commune était le français. Comme tous les autres membres de ma famille, ils s'adaptèrent rapidement aux valeurs républicaines de votre grand pays. Ils accueillirent la France tout comme la France les avait accueillis.

Puis vinrent la guerre, l'invasion, l'Occupation, le régime de Vichy, les rafles et les déportations, la fuite, et la Résistance. À la fin de ces épreuves, ma famille, dont la plupart des membres avaient heureusement survécu, se trouvaient parsemée en France, aux États-Unis, et dans ce qui allait devenir Israël.

Bien qu'éparpillés entre ces trois pays, il s'estimaient tous heureux. Après tout, ils vivaient dans des nations démocratiques, liées par un engagement commun aux valeurs fondamentales qui leur permettaient, à eux et à leurs concitoyens, de prospérer enfin dans un climat délivré de l'ombre inquiétante de la persécution – et cela même si Israël devait faire face à des menaces à son existence même de la part de voisins hostiles, tout comme c'est encore le cas de la part de l'Iran et de groupes terroristes comme le Hezbollah, le Hamas et la Jihad Islamique.

Mais aujourd'hui, de nouvelles ombres se profilent, propres à nous préoccuper. En particulier, l'accroissement d'incidents de violences antisémites, tant verbales que physiques, certes non limité à un seul pays, mais très marqué en France, fait réfléchir. Le sentiment croissant d'insécurité pour ces motifs est malheureusement confirmé par les statistiques officielles, qui indiquent que l'on a atteint le chiffre le plus élevé d'incidents antisémites jamais comptabilisés en France depuis 1990, date à laquelle leur recensement a commencé. Et ce sentiment est renforcé par maintes conversations avec des personnes qui se sont trouvées être directement l'objet d'intimidations, de violences verbales ou physiques.

Quelle qu'en soit la source, qu'il s'agisse d'extrémistes islamistes qui parlent une langue génocidaire; ou d'antisionistes qui cherchent à dénier au peuple juif, et à lui seul, son droit à l'autodétermination, dans le but de faire de notre planète, selon l'expression de l'ancien vice-Premier Ministre suédois Per Ahlmark, un monde “Judenstadtrein,” nettoyé de son État juif; ou encore de l'extrême-droite qui retrouve ses démons habituels en qualifiant les Juifs, une fois de plus, de "cosmopolites", de "sinistre cabale", ou de "sous-hommes"; ou encore de négationnistes qui espèrent banaliser ou faire disparaître la mémoire de la Shoah et comptent sur la disparition progressive des survivants pour capturer l'esprit des jeunes générations; ou de ceux dont l'obsession anti-israélienne atteint de tels sommets qu'ils ne peuvent plus dépeindre l'État hébreu ou ses partisans qu'en termes suant une haine grotesque, la menace est bien réelle.

Et si l'on considère la disponibilité des nouvelles technologies, chaînes par satellite, Internet, tout ceci dans un environnement aux frontières de plus en plus poreuses, force est de constater que ce qui constituait encore récemment une série de problèmes nationaux s'est transformé en question transnationale, nécessitant une coopération internationale renforcée.

Grâce aux visites répétées que nous avons effectuées, grâce à nos rencontres tant avec des représentant officiels qu'avec des dirigeants des institutions juives, grâce enfin au rétablissement d'une présence permanente ici, nous sommes tout à fait au courant des mesures prises par la France ces dernières années, sous la direction du président Chirac et du Premier Ministre, Monsieur Raffarin, ainsi que par d'autres pays européens et par l'Organisation pour la Sécurité et la Coopération en Europe, afin de faire face à ces problèmes grandissants. Nous apprécions à leur juste valeur ces efforts, y compris la décision d'interdire les émissions racistes et incendiaires d'au moins deux stations de télévision provenant du Moyen-Orient. De telles mesures sont nécessaires, tout à la fois pour protéger les communautés juives des dangers qui les assaillent, et pour défendre nos sociétés du risque très réel que ce qui a commencé par de l'antisémitisme devienne très vite un assaut concerté contre toutes les valeurs qui fondent ces sociétés. N'oublions jamais que l'antisémitisme commence certes avec les Juifs, mais que l'histoire nous a enseigné qu'il ne s'arrête jamais seulement aux Juifs.

Nous vous encourageons instamment à poursuivre avec vigueur votre lutte contre l'antisémitisme, que ce soit dans le système scolaire, dans les rues, dans les média, ou à tout endroit où la bête immonde relèverait la tête. Nous ne savons que trop bien que ce genre de combat n'est gagné ni facilement, ni rapidement, mais nous comptons beaucoup sur le fait que la France a bien compris l'importance des enjeux, et a la volonté de persévérer.

Pour notre part, nous sommes prêts à vous aider si vous nous le demandez. Nous avons près d'un siècle d'expérience dans la lutte contre l'antisémitisme et contre toutes les discriminations, chez nous comme au niveau international, ce qui nous a donné l'occasion de comprendre quelles approches politiques, civiques, légales, policières, éducatives et autres ont le plus (et le moins) de chances de succès.

Il s'agit ici d'une autre et plus large débat. Cependant, permettez-moi de mentionner deux éléments de base que nous avons appris au cours de notre travail de lutte contre l'antisémitisme.

D'abord, il est absolument essentiel que les dirigeant politiques se fassent entendre. Ils doivent manifester une fermeté absolue, tant en paroles qu'en actes. Nul ne doit douter un seul instant de leur détermination à se dresser contre l'antisémitisme.

Ensuite, tout exemple recensé d'incident antisémite ne doit jamais être nié; son traitement ne doit faire l'objet d'aucun délai et d'aucune manœuvre dilatoire, visant par exemple à le classifier différemment. Je dois dire à cet égard que mon expérience personnelle des réactions de certains officiels en France durant les années 2000 et 2001 m'avait causé une certaine déception. Pour des raisons que je ne chercherai pas à élucider, ils ne saisissaient pas du tout la signification de ce qui était en train de se passer, tandis que les délinquants se persuadaient en revanche de leur impunité, et que les victimes se sentaient abandonnées à la peur. Les changements que nous avons constatés dans la reconnaissance officielle de la nature et de la gravité de ce problème – la menace très réelle aux citoyens français juifs et à la France elle-même – sont très frappants, et nous les apprécions à leur juste valeur.

Enfin, permettez-moi de dire à quel point je considère important le dialogue entre nos deux pays, et entre la France et la communauté juive américaine Ayant participé à ce dialogue depuis de nombreuses années, je peux témoigner personnellement de sa portée.

Soyez assurés qu'à l'American Jewish Committee, nous sommes fermement engagés à élargir et à renforcer les points de contact entre nous. Nous considérons qu'il est vital de créer un plus grand nombre d'occasions d'approfondir notre compréhension mutuelle, d'explorer les questions sur lesquelles nous divergeons, et de déterminer les domaines dans lesquels nous pouvons coopérer mutuellement.

Nous continuerons aussi à aider le public américain à comprendre que nous avons nous-mêmes intérêt à votre succès dans les défis auxquels vous faites face, et à renforcer le plus possible les liens entre Paris et Washington.

Prononçant ces paroles, je me rends bien compte, comme j'y ai fait allusion il y a quelques instants, qu'il existe un fossé entre les perceptions respectives de la France et des États-Unis. Ceci est tout aussi vrai des perceptions entre la France et la communauté juive américaine. Du point de vue des Juifs américains, si l'on en croit nos sondages nationaux, le sentiment général est que la France, de tous les grands pays européens, est celui qui a l'attitude la plus glaciale à l'égard d'Israël. De plus, les mêmes sondages révèlent c'est la France que l'on considère comme étant le foyer d'antisémitisme le plus virulent d'Europe.

Ces questions, comme d'autres encore, qui vont de la façon de traiter le Hezbollah à la réponse la plus appropriée devant l'appétit nucléaire de l'Iran, seront assurément le mieux traitées au cours d'une discussion franche et ouverte, comme il sied à des amis.

Monsieur le Premier Ministre, Mesdames et Messieurs les Députés membres de la Commission des Affaires étrangères, permettez-moi de conclure en vous exprimant toute mon appréciation de l'honneur que vous m'avez fait en m'invitant ici aujourd'hui. Soyez assurés de mon admiration pour le remarquable travail que vous avez entrepris, et de mon espoir que l'amitié sera toujours la note dominante des relations entre nos deux pays.

Date 20/7/2005

AJC à Matignon avec F. Fillon

Jason F. Isaacson, Directeur de l'Office of Government and International Affairs, AJC
Valérie Hoffenberg, Directrice, AJC France
François Fillon, Premier Ministre
David Harris, Directeur Exécutif, AJC

Biographie Synthétique V. Hoffenberg [FR]


Valerie Hoffenberg a été nommée directrice de l’AJC –France en 2004.

Devenue avocate après des études de sciences politiques et de communication, Valérie a toujours été très impliquée dans la communauté juive française. Membre de l’AUJF, elle est vice-présidente de l’association franco-israélienne de soutien aux victimes des actes de terrorisme. Elle a rejoint l’AJC dans le but de tisser des liens entre la France et les Etats-Unis pour soutenir Israël et fournir aux Juifs de France le soutien de l’AJC dans leur lutte contre l’antisémitisme.

AJC est aujourd’hui le plus important partenaire international du gouvernement français pour le judaïsme et joue un rôle d’intermédiaire auprès de nombreux élus français pour leurs contacts américains. Grâce à son expertise approfondie du Moyen-Orient, son réseau international, son engagement constant contre l’antisémitisme et pour la défense des droits de l’Homme et du pluralisme démocratique, AJC est devenue la plus respectée et la plus efficace des organisations juives américaines en France.

Valérie habite Paris avec son mari et ses trois enfants.

Revue de Presse- François Fillon à l'Annual Meeting AJC 2008

PRESS REVIEW – French newspapers

Prime Minister Fillon,

AJC Annual Meeting Guest of Honor

-> L’Express

-> Le Figaro

-> Libération

-> Le Monde

-> Le Parisien

Fillon à Washington pour parler économie

L'Express, le 01/05/2008

Durant sa visite de deux jours, jeudi et vendredi, le chef du gouvernement français devrait notamment évoquer la crise financière née aux Etats-Unis avec le patron de la Banque centrale américain (Fed), Ben Bernanke, et le secrétaire au Trésor, Henry Paulson.

François Fillon, qui multiplie les déplacements à l'étranger, sera jeudi et vendredi à Washington, pour une "visite de travail" portant principalement sur les questions économiques.

D'abord motivé par le 102e dîner de gala du comité des Américains juifs (American Jewish Committee, AJC) dont il est jeudi l'invité d'honneur, ce déplacement sera l'occasion pour le Premier ministre de rencontrer vendredi le patron de la Banque centrale américain (Fed), Ben Bernanke, et le secrétaire au Trésor, Henry Paulson.

Fillon devrait notamment évoquer avec eux la crise financière née aux Etats-Unis et le ralentissement économique qui en découle, indique-t-on à Matignon, avec un échange de vue sur les "politiques respectives" des deux pays pour la contrecarrer.

Le gouvernement de George W. Bush a lancé un vaste plan de relance de 168 milliards de dollars et la Fed a multiplié les baisses de taux.

Dans l'entourage de Fillon, on estime qu'on "pourrait se trouver à un tournant dans la crise financière" grâce "à une réponse suffisamment rapide" des Etats-Unis évitant ainsi une récession en Europe, alors même que M. Bernanke avait évoqué début avril une telle éventualité pour son pays.

"Le sentiment qui domine, souligne cette même source, c'est que le pire est passé; maintenant c'est la longueur de la purge qui reste une inconnue".

Au menu des discussions également: le taux de change euro-dollar, avec une monnaie européenne qui a atteint un pic à plus d'1,60 dollar, pénalisant les exportations européennes.

François Fillon, qui sera accompagné des ministres de l'Economie Christine Lagarde et de l'agriculture Michel Barnier, s'entretiendra avec le patron du Fonds monétaire international, Dominique Strauss-Kahn, dont les prévisions pour la France (1,4% de croissance cette année) ont été jugées "exagérément pessimistes" par Paris.

Le premier ministre devrait également s'attacher à faire la promotion des réformes économiques entreprises depuis un an devant 11 chefs d'entreprise américains de la finance et de l'industrie, parmi lesquels Patricia Russo à la tête du groupe franco-américain Alcatel Lucent, qui sont tous de "gros investisseurs en France".

Au dîner de l'AJC, François Fillon prononcera un discours sur la "vision française de la mondialisation". Alors que cette année coïncide avec le 60e anniversaire de la création d'Israël, le Premier ministre devrait également évoquer les relations franco-israéliennes ainsi que la lutte contre l'antisémitisme en France.

Fillon multiplie ces derniers temps les voyages à l'étranger. Il sera la semaine prochaine à Malte et Chypre pour préparer la présidence française de l'UE.

Le 16 mai, il représentera le chef de l'Etat à Lima pour un sommet UE-Amérique latine. Un voyage express imposé par l'Elysée qui ne ravit pas Matignon où l'on fait remarquer que l'agenda du Premier ministre n'est pas extensible.

Fillon invite les Français à conjurer leur inquiétude

à Washington, Bruno Jeudy, 02/05/2008 | LE FIGARO

«Nos fondamentaux sont sains, mais la zone euro ne peut pas supporter ­seule le poids de l'ajustement de toutes les monnaies», a souligné François Fillon durant sa visite à Washington.

Le premier ministre a rencontré hier le gotha financier américain pour évoquer la crise internationale.

François Fillon l'admet tout net, la crise économique et financière américaine coûte des «demi-points de croissance» à la France et à la zone euro. Hier, au terme de ses rencontres avec le président de la banque centrale américaine (Ben Bernanke), le secrétaire au Trésor (Henry Paulson) et le directeur général du FMI (Dominique Strauss-Kahn), le premier ministre a dressé un tableau ni alarmiste ni optimiste de l'économie : «La France est dans une situation intermédiaire. Nos fondamentaux sont sains, mais la zone euro ne peut pas supporter ­seule le poids de l'ajustement de ­toutes les monnaies», a-t-il averti, en citant le dollar et le yuan.

Le pire est-il derrière nous ? Il s'est bien gardé d'émettre un pronostic sur la durée de la crise. Mais interrogé sur les prévisions économiques françaises jugées «exagérément optimistes» par le FMI, il a maintenu son espoir de voir la croissance en 2008 s'établir entre «1,7 et 2 %».«Les Français ne doivent pas être plus inquiets que cela. Le premier trimestre sera meilleur que prévu. Le deuxième plus difficile», a-t-il prévenu en comptant sur les effets de la loi de modernisation de l'économie approuvée cette semaine en Conseil des ministres.

La veille, le premier ministre avait placé sa visite à Washington dans la prolongation de celle du président de la République venu en octobre 2007 défendre une «France en mouvement». Invité d'honneur du 102e gala annuel de l'American Jewish Committee (AJC), Fillon n'a pas craint de prononcer son discours en anglais. Un défi apprécié par ce prestigieux auditoire qui a souvent reçu Nicolas Sarkozy.

Pour une «alliance solide»

Durant une trentaine de minutes, le premier ministre a plaidé pour une «alliance solide» entre les États-Unis et la France. Si l'accent n'était pas toujours parfait «mon anglais reste… très français» le chef du gouvernement a délivré dans un propos aux tonalités très présidentielles sa vision de la mondialisation. «La mondialisation, a-t-il martelé, a besoin d'être poli­tiquement organisée, économiquement régulée, socialement partagée et écologiquement maîtrisée.» Revenant sur la crise du subprime et ses conséquences sur les banques, il a mis en garde contre cette «évolution désordonnée des marchés».

S'il a mis la pression sur les autorités américaines en matière d'écologie et de réduction des émissions de gaz à effet de serre, Fillon ne s'est pas départi de la ligne atlantiste définie par Sarkozy. Et souligné les convergences de vues entre les deux pays sur l'Afghanistan, l'Iran et plus globalement la lutte contre «al-Qaida et ses complices». Mais il n'a pas dit un mot sur la situation en Irak.

Évoquant «l'horreur du 11 septembre 2001», le premier ministre a eu cette phrase : «Ce qui est arrivé à New York et à Washington aurait pu, et pourrait toujours, arriver à Paris.» À propos de l'Iran, il a jugé ses dirigeants «inquiétants».

Ému, il a achevé son discours en évoquant la déportation de Simone Veil. En soulignant la chaleur des applaudissements, David Harris, di­recteur exécutif de l'AJC, l'a féli­cité : «Si ça ne marche pas en France pour vous, sachez que vous pourrez avoir une deuxième carrière ici.»


Aux Etats-Unis, Fillon dans les pas de Sarkozy

LIBERATION vendredi 2 mai 2008

Le Premier ministre français a plaidé pour une «alliance solide» entre Washington et Paris. Ce vendredi, il rencontrera le patron de la Banque centrale américaine, Ben Bernanke.

Le Premier ministre François Fillon, au premier jour de sa visite à Washington, a prôné jeudi soir une "alliance solide" entre les Etats-Unis et la France pour "faire face aux désordres du monde" notamment dans le contexte actuel de ralentissement économique.

Le chef du gouvernement français s'est exprimé à l'occasion du dîner de gala annuel de l'American Jewish Committee (AJC), l'une des principales organisations de défense de la communauté juive américaine, dont il est l'invité d'honneur.

"Plus que jamais, les désordres du monde réclament une alliance solide entre nos deux nations", a affirmé le chef du gouvernement dans un discours en anglais devant plus de 1.000 personnes.

"Si vous et nous oscillons entre l'amitié absolue et la querelle épisodique c'est parce que nous sommes fondamentalement attirés l'un par l'autre", a également dit M. Fillon qui est accompagné de la ministre de l'Economie Christine Lagarde et du ministre de l'agriculture Michel Barnier.

Cette "alliance solide" doit notamment se traduire, a souligné M. Fillon, dans le domaine économique, au moment où la crise américaine des subprimes se répercute en Europe. Le Premier ministre a mis en avant "le besoin d'une réaction coordonnée et un effort pour améliorer la régulation et la transparence".

M. Fillon a couplé cette intervention devant l'AJC avec une "visite de travail" qui le conduira à rencontrer vendredi le patron de la Banque centrale américain (Fed), Ben Bernanke, et le secrétaire au Trésor, Henry Paulson. Il s'entretiendra également avec le patron français du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn. Il doit repartir pour Paris vendredi en début de soirée.


François Fillon dispute l'Amérique à Nicolas Sarkozy

LE MONDE | 02.05.08 | Washington, Christophe Jakubyszyn

Nicolas Sarkozy n'a pas le monopole de l'Amérique : François Fillon a profité, jeudi 1er mai, de son premier séjour américain, à Washington, en tant que premier ministre, pour oser la concurrence avec le chef de l'Etat. Devant l'American Jewish Committee (AJC), dont il était l'invité d'honneur pour son 102e Congrès annuel, l'exercice était ambitieux : Nicolas Sarkozy en est un habitué et l'AJC l'a décoré, en novembre 2007, du "Prix de la lumière parmi les nations", au nom de son combat contre le racisme et l'antisémitisme.

Pour tenter de se distinguer, le premier ministre a choisi de s'exprimer en anglais et de glisser dans son discours des anecdotes visant à mettre en valeur ses liens anciens avec l'Amérique : de ses conférences annuelles à l'université de New York à ses rencontres avec Ted Kennedy et le vice-président Bush en 1982.

Sur le plan diplomatique, la marge de manœuvre de M. Fillon est limitée. Dans son discours, il s'est inscrit dans la ligne des récentes positions françaises. A l'Iran, une "grande nation dirigée par des gens inquiétants qui ne doit pas disposer de l'arme nucléaire", M. Fillon a promis, en cas de refus du dialogue, un "isolement croissant : isolement diplomatique, isolement économique, isolement financier".

Sur le conflit israélo-palestinien, le premier ministre a réaffirmé le "droit d'Israël à la sécurité", mais également dénoncé la "poursuite de la colonisation qui met en cause la viabilité du futur Etat palestinien". Il a proposé la participation de la France "à une force internationale qui viendrait en appui aux services de sécurité palestiniens". Sur l'OTAN, M. Fillon a justifié la décision du président français de "faire évoluer" le statut de la France au sein de l'Alliance atlantique par la nécessité de "sortir de l'impasse" qui consiste à opposer la construction de l'Europe de la défense et l'OTAN.

"RISQUE" ÉCONOMIQUE

C'est dans le domaine économique que François Fillon souhaite se faire entendre. Avant de rencontrer, vendredi, les milieux d'affaires et les autorités financières et monétaires, dont le secrétaire d'Etat au Trésor, le président de la Réserve fédérale et le président du Fonds monétaire international (FMI), Dominique Strauss-Kahn, il a attiré l'attention des Américains sur les déséquilibres de l'économie mondiale : "Clairement, l'excessive volatilité des changes, le niveau élevé de l'euro, l'augmentation du prix des matières premières et les pressions inflationnistes qui en découlent nous placent tous en situation de risque", a-t-il déclaré.

M. Strauss-Kahn ne l'a pas rassuré : "Les prévisions que le FMI a faites pour l'économie française sont en dessous des prévisions que fait le gouvernement", a-t-il dit, ajoutant : "La vision du FMI sur les trimestres qui viennent n'est pas très positive pour les Etats-Unis, avec des conséquences bien entendu sur l'Europe, pas particulièrement la France, mais sur tous les pays européens".


Fillon à Washington

Le Parisien, mercredi 23 avril 2008, 11h09

Le Premier ministre François Fillon se rendra les 1er et 2 mai à Washington, où il s'entretiendra notamment avec le patron de la Fed, Ben Bernanke, et le secrétaire au Trésor Henry Paulson.

M. Fillon sera par ailleurs l'invité d'honneur du 102e dîner annuel du comité des Américains juifs (American Jewish Committee, AJC), l'une des principales organisations de défense des juifs aux Etats-Unis.

Selon un communiqué de Matignon, il aura, vendredi 2 mai, une réunion avec «des présidents de groupes américains de la finance et de l'industrie».

Il enchaînera avec un déjeuner de travail avec Ben Bernanke, président de la Banque centrale américaine (Fed), puis avec un entretien avec Henry Paulson et enfin une rencontre avec le Français Dominique Strauss-Kahn, directeur général du Fonds monétaire international (FMI).

La ministre de l'Economie Christine Lagarde avait rencontré le 15 avril à New York de hauts responsables de la finance américaine, qui lui avaient confié leur pessimisme sur la crise financière actuelle.

Dans la soirée du jeudi 1er mai, François Fillon prononcera, au dîner de l'AJC, un discours sur le thème de la «vision mondiale», selon le programme diffusé par cette organisation. L'autre orateur de cette soirée sera Mike Mullen, chef d'état-major des armées des Etats-Unis.

De nombreux autres responsables internationaux sont annoncés au congrès de l'AJC, notamment la secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice et la ministre israélienne des Affaires étrangères Tzipi Livni.

Voyage d' AJC France au Moyen Orient 4/4 - 2007

Jean François Copé, Valérie Hoffenberg et Salaam Fayyad, Premier Ministre Palestinien

La délégation de députés au bureau du Premier Ministre Palestinien, Salam Fayyad

Valérie Hoffenberg, Présidente d'AJC France et Riyad al Maliki, Ministre Palestinien des Affaires Etrangères

Voyage d' AJC France au Moyen Orient 3/4 - 2007


Jean-François Copé, député et Valérie Hoffenberg, présidente d'AJC France, au Mur des Lamentations, Jérusalem

dîner avec Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier Ministre


Jean-François Copé, Valérie Hoffenberg et Abdel Malek Jaber, Vice-Président de PalTel (groupe national palestinien de télécommunication)

Voyage d' AJC France au Moyen Orient 2/4 - 2007


Le député Claude Goasguen et le Président de l'Etat d'Israël Shimon Péres.

La délégation de députés'AJC France à la résidence de l'ambassadeur de France en Israël, M. Jean-Michel Casa
La délégation de députés menée par Jean-François Copé à Yad Vashem, le mémorial israélien de la Shoah

Discours M. Donnedieu de Vabres- AJC mars 2007

Monsieur le Président de l’American Jewish Committee, cher Robert Goodkind,
Madame la Membre du Congrès, chère Nita M. Lowey,
Monsieur l’Ambassadeur de France aux Etats-Unis d’Amérique, cher Jean-David Levitte,
Monsieur le Cardinal,
Monsieur le Vice-Président de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, cher Serge Klarsfeld,
Mesdames, Messieurs,
Chers Amis,

Je suis très heureux d’être présent parmi vous ce soir. Je tiens à remercier, avant toute chose, l’American Jewish Committee, à l’origine de ce dîner.

Cette soirée est placée sous le signe de la justice, de la mémoire, de la paix et de l’amitié profonde qui lie nos deux pays. Une amitié qui puise sa force dans nos valeurs communes, dans notre culture, dans les destins étroitement liés de nos Nations, dans notre Histoire, dont nous mettons en lumière aujourd’hui, à travers la création d’Agnès Varda, un chapitre essentiel, et des héros dont il nous revient de perpétrer le souvenir, mais aussi le combat.

Il y a à peine plus d’un demi-siècle, l’Europe, terre de l’humanisme, patrie des Lumières, de la raison et de la tolérance, a sombré dans la barbarie, déchirée par un conflit fratricide, emportée par la folie criminelle de l’idéologie nazie. Dans ces heures sombres, dans la France occupée, terrorisée, défaite, des hommes et des femmes se sont levés sur notre territoire pour défendre, au péril de leur vie, ces principes de liberté, d’égalité, de fraternité, inscrites au frontispice de leurs édifices républicains, et plus profondément encore gravées dans leurs âmes et dans leurs cœurs.

Les Justes de France ont accueilli, caché, sauvé, au mépris du danger, des hommes, des femmes, des enfants, des familles entières, persécutés pour le seul crime d’être nés Juifs. Grâce à le courage de ces Français « ordinaires », qui n’ont jamais cherché les honneurs, grâce à leur générosité, les trois-quarts des Juifs de France ont pu être sauvés. Ils ont ouvert, ainsi que l’a nommée Simone Veil, Présidente de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, jusqu'au 5 février dernier, « une page de lumière dans la nuit de la Shoah ». Une page d’espoir, et de foi profonde en l’homme, dans les ténèbres de la lâcheté et de la violence.

2693 Justes, de toutes régions, de tous milieux, de toutes convictions, ont été identifiés en France, à ce jour, grâce aux témoignages de ceux qui leur doivent la vie, et reconnus par le Mémorial de Yad Vashem. Comme l’a déclaré le Premier Ministre, en inaugurant le « Mur des Justes » au Mémorial de la Shoah, le 14 juin dernier, « leur souvenir constitue pour nous une consolation mais aussi une exigence ».

Oui, leur souvenir est une exigence, un devoir, ce « devoir de mémoire » que brandissait Primo Levi. C’est tout le sens de l’hommage que la France, par la voix du Président de la République, leur a rendu, le 18 janvier dernier, au Panthéon, à l’initiative de Simone Veil. Cet hommage s’inscrit dans la droite ligne des nombreuses actions que mène la France en faveur de la transmission, de la diffusion, du partage de la mémoire de la Shoah, dans toutes ses dimensions, dans toutes ses implications.

Le Président de la République m’a confié le soin de préparer cette cérémonie, pendant laquelle une inscription honorant les Justes de France a été apposée dans la crypte de ce monument qui, vous le savez, abrite l’âme des plus grands hommes de notre Nation.

Parce que je crois profondément qu’il y a une urgence à donner à voir et à entendre les destins, les motifs, le courage de ces hommes exceptionnels, j’ai proposé à l’une de nos plus grandes réalisatrices, Agnès Varda, de participer à cette commémoration, et de mettre en scène ces récits et ces mémoires.

Le résultat a dépassé mes attentes, pourtant extrêmement fortes. Je sais que vous avez été très émus, le mois dernier, en découvrant son œuvre. Fragments d’histoire collective, scènes tragiques et quotidiennes reconstituées avec une extrême pudeur, portraits saisissants, tirés d’archives diverses, dont les collections du Mémorial de la Shoah, cette installation a retracé magnifiquement le dévouement et l’héroïsme discrets dont ont fait preuve les Justes de France.

Cette création exalte des valeurs que nous partageons, ces valeurs qui se sont incarnées dans cette chaîne humaine de solidarité et de courage, ces valeurs pour lesquelles vos soldats ont donné leur vie, pour libérer notre pays du joug nazi, ces valeurs qui fondent le respect mutuel et l’amitié profonde qui lient nos deux nations, ces valeurs universelles, qui sont magnifiquement résumées dans l’inscription qui figure sur la médaille des Justes : « Quiconque sauve une vie sauve l’univers tout entier. »

C’est pourquoi je souhaite aujourd’hui que cette exposition circule aux Etats-Unis, pour apporter un pierre de plus à l’édifice de notre histoire commune, et pour exalter, notamment auprès du jeune public, le souvenir de ces héros et de leur lutte contre la barbarie.

Les services culturels de l’Ambassade de France aux Etats-Unis d’Amérique, piloteront ce projet, avec le concours de tous, et notamment de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, et de l'Association des fils et filles des déportés juifs de France, dont je salue le Président fondateur, Serge Klarsfeld. Nous connaissons tous ses travaux remarquables, et son combat de chaque instant pour la mémoire de cette période tragique de notre histoire.

Je tiens à remercier chaleureusement, de nouveau, l’American Jewish Committee, qui a bien voulu attirer votre attention sur cette grande cause, et tout particulièrement Valérie Hoffenberg, qui contribue, depuis de nombreuses années, au dialogue et au renforcement des liens entre nos deux pays.

Je vous remercie.

Union de la Méditerranée : a will of commitment

The Union of the Mediterranean Sea: a Will of Commitment.

The election of Nicolas Sarkozy aroused an unprecedented interest in the United States, within the administration but also within the civil society and the media which are enthused in front of this new breath embodied by the President and promising of an improvement of the transatlantic relations. However, certain positions of the French President, as the creation of the Union of the Mediterranean Sea and the refusal of the entrance of Turkey to the EU, raise interrogations amid observers across the Atlantic Ocean.

Partisan lovers of the entrance of Turkey in the European Union to anchor their ally in the modernity and strengthen one of the only laic and democratic States of the region, the United States worry, rightly, about effects that could have a refusal of Ankara. Analyses predicting a rise of the Islam, a collapse of the modernistic strengths, do not so miss besides the Atlantic Ocean and at certain partisans of the joining process in France.

Washington has to understand the evident limits which would impose the integration of a country so important for the construction of credible political Europe. Besides, the long and binding process of entrance in the European Union has already entailed the frustration of a part of the population seeing only hypocritical pretexts there to maintain Turkey aside. On the other hand, Brussels rules are denounced by an increasing number of Turks as serving an operation of the Islamists to blow up the bolts of the secularism and reduce the weight of the army, guarantor for the kemalist inheritance. As the recent confusions bound(connected) to the Islamist candidacy of foreign secretary Abdullah Gül in the presidential election showed, the process of membership and its very numerous criteria were mostly used by the AKP party in power to weaken the pillars of the Turkish Republic, touching up to the president, the defender of the constitution today.

It's time to recognize that while the credible perspective of a membership goes away because of the opposition of the European public opinions, the process seems itself to have perverse effects which we would not know how to ignore. In the name of the realism, Washington has to understand that the integration of Turkey in the Union of the Mediterranean Sea is the only way allowing its ally to play completely its role of regional power and democratic model in the Muslim world. This union is not a refusal: it is an alternative to the current policy which consists in pushing away without credible term the Turkish candidacy, creating only frustration and resentment in Ankara.

Far from being in opposition with the objectives of Washington, the Mediterranean Union so brings a realistic solution of a common vision based on the promotion of the state under the rule of law, the tolerance to the Middle East, the cooperation on the questions of safety and the empowerment of the populations of the region. The United States have to understand that the opposition of the French and German governments represents the majority and durable feeling of the European populations. Far from expressing a spirit of closure, this position is the expression of a will to build Europe on an identity and well defined borders.

The union of the Mediterranean Sea comes to recognize the central, strategic and cultural role that the Turkish democracy has to play in the region beside country as Morocco, Algeria or still Israel in the religious dialogue, the reform of Islam, as well as the cooperation on the questions of security and terrorism. But the creation of the Union of the Mediterranean Sea has not only for objective to be an alternative in the entrance of Turkey in the EU: Its ambitions are wider and answer the necessity of rethinking the relations between Europe and Africa.

The failure of the EuroMed dialogue, introduced 12 years ago in Barcelona, obliges to rethink the frame of the partnership with the Mediterranean Sea. Mined by the centralization of the economic resources and the powers, the countries of the Middle East need more than ever a new breath in their economic relations with Europe. Quite as the ALENA encouraged in a determining way the development of country as Mexico by facilitating the liberalization of the exchanges in North America, the Union of the Mediterranean Sea will be a formidable tool of development and prosperity in the region. She will allow more than an intensification of the already existing diplomatic and military relations. By supporting the policy of the co-development, at the heart of Nicolas Sarkozy's project, the Union of the Mediterranean Sea will play a determining role in the control of the migratory streams and the cooperation in this sector, answering the anxiety of numerous Europeans. The Union of the Mediterranean Sea cannot work if it remains an intellectual project without concrete substance: it will arouse the support of the peoples only if it brings concrete answers to the daily difficulties on the health or education issue. In this respect, the creation process of the Union has to be the occasion to begin a necessary thinking on the future of the relation of both banks of the Mediterranean Sea, the hopes and the perspectives for each people.

By renewing its relation with the countries of the Middle East, the Union of the Mediterranean Sea will be a new springboard for the diplomatic presence of France in the region. Exceeding a " Arabic policy " out of breath and widely fanciful, the Union of the Mediterranean Sea will come to encourage the creation of a long-term community of interests rather than the excessive customization of the relations. France can finally push with all its weight in the resolution of the Palestinian Israeli conflict or still the Lebanese crisis, so many files on which Nicolas Sarkozy's leadership is waited by his partners. As Europe was built at instigation of the German French engine, The Union of the Mediterranean Sea will need an avant-garde, a visionary leadership. In the side of Turkey, Morocco and Israel, France has to play this driving role to allow the emergence of new perspectives for the peoples of the Mediterranean Sea. These three countries can be the mainspring of a reconciliation of the region, torn by decades of conflicts, distrusts and closures.

The difficulties America faced in Iraq have to urge the US to support such an initiative, which would allow, by a constructive commitment of Europe in the region, to put an end to a so expensive regional status quo, to promote the peace and the political opening. Europe, by the voice of France, has to take its responsibilities and go out of a posture of sterile denunciation and of opposition to Washington’s policy to be transformed into power impulse and proposition.

Discours M. Sarkozy- CRIF 2007

Monsieur le Président,
Monsieur le Premier Ministre,
Madame et Monsieur les anciens Premier ministres,
Mesdames et Messieurs les ministres et anciens ministres,
Monsieur le Président du Sénat,
Monsieur le Président de l’Assemblée nationale,
Monsieur le Maire de Paris,
Monsieur l’ambassadeur d’Israël en France,
Madame la représentante de l’Autorité palestinienne,
Madame et Messieurs les représentants des différentes religions,

Chers amis,

Très souvent par le passé, je suis venu au dîner du CRIF. Je connais cette tradition. Je sais qu’elle est pour vous un moment de fête, un moment de retrouvailles. Je sais aussi que chaque année, de manière ouverte comme vous l’avez fait dans votre discours Monsieur le Président, ou plus discrètement dans le secret de vos cœurs et l’intimité de vos conversations, vous faites mémoire, avec ce dîner, des circonstances tragiques qui conduisirent, en 1943, les différentes composantes du judaïsme français à s’unir contre l’oppression nazie. De cette union clandestine est né plus tard le CRIF.

En invitant chaque année les plus hautes autorités de la Nation à partager votre dîner, en invitant en particulier le Premier ministre, et cette année, pour la première fois, le Président de la République, vous entendez renouveler votre attachement indéfectible à la République et à la France : cette France qui vous a émancipés, qui vous a donné des droits, qui vous a permis de pratiquer votre religion. Nous célébrerons ensemble cette année le bicentenaire de la création du Consistoire ; cette République qui vous a ensuite intégrés dans toutes les sphères de la société, sur le seul fondement de vos talents et de vos mérites ; cette République que vous avez servie avec la générosité, la confiance, et l’engagement qui sont l’âme des vrais patriotes ; cette République qui, en inventant la laïcité, vous permet d’être à la fois profondément juif et Français de tout cœur.

Mais en faisant s’asseoir chaque année aux mêmes tables les représentants des institutions juives de France et les représentants de la République, vous entendez aussi rappeler aux seconds les principes, les valeurs et les vertus dont la violation, par le passé, a fait vivre à notre pays ses pages les plus noires. A l’heure où s’abattaient en Europe les idéologies les plus criminelles, c’est un fait que l’Etat vous a trahis. Tournant le dos à ses principes essentiels, pas seulement ceux de 1905, mais aussi ceux de 1789, de l’abbé Grégoire et de l’Edit de Nantes, notre Nation s’est alors presque intégralement effondrée. Il est sain que vos invités rassemblés dans cette salle, dont certains exercent d’éminentes responsabilités, fassent mémoire de ces moments douloureux qui précipitèrent tant de familles dans l’abomination, et notre pays dans la honte.

Malgré ces trahisons, votre fidélité et votre attachement à la France sont restés intacts. Même en 1940, quand Vichy édictait l’immonde statut des juifs, vous saviez que la République n’était pas dans ce crime et que la France éternelle était plus grande que sa faute. « Le seul réconfort qui nous soit permis est celui qui nait d’une confiance inébranlable dans un retour certain au véritable destin spirituel de cette France éternelle, de cette nation porte-flambeau ». Tels sont les mots que vos prédécesseurs adressaient aux autorités de l’époque pour les supplier de rester fidèles aux principes républicains. Cette confiance, cette fidélité, forcent le respect et l’admiration.

Je vous remercie, M. le Président, d’avoir placé le début de votre allocution sous le signe de la laïcité. Vous m’offrez l’occasion de répondre aux multiples commentaires qui ont accompagné les discours que j’ai prononcés récemment au Latran puis en Arabie saoudite. Vous avez dit ne pas croire que les religions puissent être la seule parade contre le mal, et vous avez bien raison. Vous me permettrez d’ajouter, car je connais moi aussi l’histoire des juifs d’Europe, que si les religions sont en effet impuissantes à préserver les hommes de la haine et de la barbarie, le monde sans Dieu, que le nazisme et le communisme ont cherché à bâtir, ne s’est pas révélé tellement préférable.

Le drame du XXème siècle, de ces millions d’êtres projetés dans la guerre, la famine, la séparation, la déportation et la mort, n’est pas né d’un excès de l’idée de Dieu, mais de sa redoutable absence. Le communisme voyait la religion comme un instrument de domination d’une classe sur une autre, et l’on sait les malheurs auxquels cette théorie a conduit. Le nazisme croyait dans la hiérarchie des races, une proposition radicalement incompatible avec le monothéisme judéo-chrétien.

Alors il est vrai que parmi les résistants, parmi les patriotes, parmi les Justes, il y en avait autant qui croyaient au ciel, et autant qui n’y croyaient pas. Et il est tout aussi vrai que, parmi ceux qui trahirent les juifs et contribuèrent, de près ou de loin, à la mise en œuvre de la solution finale, il y en avait beaucoup qui se disaient chrétiens. Mais il n’y a pas une ligne de la Torah, de l’Evangile ou du Coran, restituée dans son contexte et dans la plénitude de sa signification, qui puisse s’accommoder des massacres commis en Europe au cours du XXème siècle au nom du totalitarisme et d’un monde sans Dieu.

L’attachement à la laïcité, qui n’est que l’expression, dans la sphère religieuse, du respect et de la tolérance que l’on doit aux convictions d’autrui, doit conduire chacun, comme je l’ai fait avec votre discours Monsieur le Président, à porter une réelle attention à l’exactitude des propos que j’ai tenus à Rome et à Ryad. Ces questions sont d’une importance trop grande, pour que l’on puisse se permettre les approximations, les amalgames, les raccourcis. Jamais je n’ai dit que la morale laïque était inférieure à la morale religieuse. Ma conviction est qu’elles sont complémentaires et que, quand il est difficile de discerner le bien du mal, ce qui somme toute n’est pas si fréquent, il est bon de s’inspirer de l’une comme de l’autre. La première préserve des certitudes toutes faites et apporte sa rationalité. La seconde oblige chaque société, chaque époque, à ne pas se penser uniquement comme sa propre fin.

Et jamais je n’ai dit que l’instituteur était inférieur au curé, au rabbin ou à l’imam pour transmettre des valeurs. Mais ce dont ils témoignent n’est tout simplement pas la même chose. Le premier témoigne d’une morale laïque, faite d’honnêteté, de tolérance, de respect. Que ne dirait-on pas d’ailleurs si l’instituteur s’autorisait à témoigner d’une morale religieuse ? Le second témoigne d’une transcendance dont la crédibilité est d’autant plus forte qu’elle se décline dans une certaine radicalité de vie.

Je souhaite que tous nos enfants reçoivent à l’école l’enseignement d’une morale laïque. Je note à cet égard, qu’après avoir, pour les raisons que l’on sait, abandonné l’enseignement public de la morale religieuse, on a abandonné également celui de la morale laïque. Mais je maintiens, parce que je le crois profondément, que nos enfants ont aussi le droit de rencontrer, à un moment de leur formation intellectuelle et humaine, des religieux engagés qui les ouvrent à la question spirituelle et à la dimension de Dieu.

Dieu, c’est une idée suffisamment intéressante pour avoir inspirer la vie de millions d’hommes et marquer d’immenses civilisations. Quelle est l’origine de la vie, quel est le sens de l’existence, y a-t-il quelque chose après la mort, d’où vient le mal ? Ce sont des interrogations essentielles. Je ne connais pas un seul homme, pas une seule femme, croyant ou incroyant, qui ne se les pose pas. C’est pourquoi je pense que si nos jeunes peuvent à un moment de leur vie être initiés à ces questions, c’est mieux que s’ils ne le peuvent pas. Ils en feront ce qu’ils en voudront, mais nul n’est en droit de le présumer à leur place.

Personne ne veut remettre en cause la laïcité. Personne ne veut abîmer ce trésor trop précieux qu’est la neutralité de l’Etat, le respect de toutes les croyances, comme celui de la non-croyance, la liberté de pratiquer comme celle d’être athée. Personne ne veut abandonner le mérite, le talent, l’amour de la patrie, comme les seules vertus que la République reconnaît et récompense. Et moi, puisque c’est moi qui suis en cause, moins encore qu’un autre.

Est-ce que cela doit nous interdire pour autant de parler de la religion ? Est-ce que cela doit nous aveugler au point d’ignorer qu’il existe à l’évidence, après la fin des idéologies totalitaires et les désillusions de la société de consommation, une immense demande de spiritualité ? Est-ce que cela doit nous empêcher de regarder lucidement la situation de l’islam de France ? Ne voit-on pas qu’en refusant d’examiner les conséquences pratiques de la présence musulmane en France, on a laissé se développer les attitudes les plus contraires à la laïcité, comme les pratiques vestimentaires ostentatoires et les revendications identitaires ?

Le principe de laïcité doit-il nous détourner du rôle que nous pouvons jouer, par exemple à Ryad, en faveur du dialogue entre les civilisations, alors que ce dialogue est un enjeu majeur du XXIème siècle ? Doit-il me priver du droit de rencontrer des prêtres, des pasteurs, des rabbins, des religieux, pour leur dire que ce qu’ils font au bénéfice des plus pauvres, pour le réconfort des malades, pour l’éducation des jeunes, pour la réinsertion des prisonniers, est tout simplement utile et bien ? Sont-ils des citoyens de seconde zone ? Le principe de laïcité oblige-t’il le Président de la République à ne parler que de la sécurité routière, des déficits publics, de la politique spatiale, sans jamais parler des choses essentielles, comme la vie, la civilisation, l’amour, l’espérance ?

50 ans après que l’on a fait dire à Malraux que le XXIème siècle serait spirituel ou ne serait pas, 15 ans après que l’on a entendu François Mitterrand confesser croire aux forces de l’esprit, mesure-t-on la chape de plomb intellectuelle qui s’est abattue sur notre pays pour s’offusquer qu’un Président en exercice puisse dire tout simplement que l’espérance religieuse reste une question importante pour l’humanité, et que croire dans quelque chose vaut parfois mieux que croire que tout se vaut ? Voilà, mes chers amis, ce que j’ai dit à Rome et à Ryad. Rien de plus. Et rien de moins, non plus.

Monsieur le Président, vous avez eu la gentillesse de rappeler que je m’étais défini comme un ami d’Israël à une époque où il valait mieux éviter ce genre de déclarations. Voyez-vous, à cette époque déjà, j’exprimais mes convictions avec la même sincérité que celle que je mets aujourd’hui pour parler de la laïcité. Oui, c’est vrai, je suis un ami d’Israël et j’attache une grande importance au resserrement des liens politiques, d’amitié et de coopération entre nos deux pays.

L’année 2007 aura été une année dense et fructueuse pour la relation entre la France et Israël. J’ai souhaité que la relation politique soit renforcée et que se développe un dialogue stratégique bilatéral fort, particulièrement nécessaire dans un monde plus fragile que jamais.

L’année 2008 quant à elle est celle du 60ème anniversaire de la création de l’Etat d’Israël. C’est un évènement d’une grande importance. Les circonstances de la création de l’Etat d’Israël et la spécificité historique, géographique et politique de ce pays ne doivent jamais être oubliées. J’aurai la joie et l’honneur d’accueillir en visite d’Etat, du 10 au 14 mars prochains, le Président de l’Etat d’Israël, M. Shimon Pérès. Cette visite illustrera la force et l’ancienneté de l’amitié qui lie nos deux peuples. Elle s’insérera comme l’un des moments historiques de la relation bilatérale. Je me rendrai ensuite en Israël au printemps prochain et je prononcerai un grand discours à l'invitation de la Knesset.

Israël sera l’invité d’honneur du prochain salon du livre à Paris, qui constitue toujours un événement culturel majeur dans notre pays. La France souhaite l’entrée d’Israël dans les organisations de la francophonie. De même, Israël pourra compter sur mon soutien pour impulser, dans le cadre de la prochaine Présidence française de l’Union européenne, une nouvelle dynamique à sa relation avec l’Union.

Naturellement, le sujet qui préoccupe le plus les Israéliens et les amis d’Israël réunis ce soir, c’est l’issue du conflit israélo-palestinien. Je connais l'état d'esprit qui règne en Israël aujourd'hui. Le peuple israélien, dans sa grande majorité, estime que ce conflit n'a que trop duré. Il est temps pour les deux parties de tourner la page. Dans l’intérêt même d’Israël, pour sa sécurité et sa pérennité, je partage la conviction de Shimon Pérès et d’Ehud Olmert qu’un accord de paix doit permettre la création, avant la fin 2008, d'un Etat palestinien viable et moderne, aux côtés d'Israël, dans le cadre de frontières sûres et reconnues.

Après des années de défiance, Annapolis en novembre dernier a relancé l’espoir. Le dialogue a repris entre les deux parties, un horizon politique est tracé. Ce tournant historique, nous le devons d’abord au courage de deux hommes, le Premier Ministre Ehud Olmert et le Président Mahmoud Abbas. Nous le devons également au Président Bush, qui a choisi de réengager résolument les Etats-Unis dans le processus de paix. La Conférence de Paris de décembre dernier a relayé cette espérance. L’aide sans précédent mobilisée par cette conférence est le signe concret de la confiance de la communauté internationale dans la solution de deux Etats.

Il est primordial aujourd’hui de traduire cet espoir dans les faits et de créer un choc de confiance qui suscitera une adhésion populaire au processus en cours. Pour ce faire, des avancées concrètes sont attendues sur le terrain. La sécurité est bien évidemment l’une des clés du processus de paix. Le récent attentat de Dimona est hélas venu rappeler la menace terroriste permanente qui pèse sur le peuple israélien. Les tirs de roquettes, que rien ne saurait justifier, doivent également cesser. Le soldat franco-israélien Gilad Shalit doit être libéré. L’Autorité palestinienne doit poursuivre sa réforme des services de sécurité et sa lutte contre le terrorisme.

Mais les dirigeants israéliens doivent aussi accepter de mettre en œuvre sur le terrain les mesures de confiance susceptibles de renforcer Mahmoud Abbas et d’encourager la population palestinienne à soutenir le processus : levée de barrages, réouverture de points de passage à Gaza pour faciliter l’acheminement de l’aide humanitaire, libération en plus grand nombre de prisonniers, réouverture des institutions palestiniennes à Jérusalem-Est. Les Palestiniens doivent pouvoir disposer de leur territoire et le mettre en valeur. La poursuite de la colonisation, qui met en cause la viabilité du futur Etat palestinien et renforce le sentiment d’injustice, est un obstacle à la paix. Son gel complet est nécessaire.

Un accord d’ici la fin de l’année est possible. Pour cela, les leaders israéliens et palestiniens doivent poursuivre le chemin tracé à Annapolis et refuser les pièges tendus par les radicaux des deux camps. La France, sans vouloir interférer dans les négociations en cours, est prête à apporter tout l’appui nécessaire afin d’encourager l’ensemble des parties à avancer car il s’agit d’une occasion exceptionnelle.

Je veux le redire ici avec force : Israël a droit à l’existence et à la sécurité. Face au discours du Hamas et aux propos hostiles et répétés du président iranien, les préoccupations d’Israël sont légitimes. La France a fermement condamné ces propos.

Concernant l’Iran, ma politique est simple et compréhensible par tous :

La prolifération est une menace grave pour la sécurité internationale ; nous ne pouvons pas tolérer sans réagir que l’Iran développe de telles technologies en violation du droit international

Il appartient à l’Iran de démontrer ses objectifs pacifiques et de respecter les résolutions des Nations-Unies. A quoi sert l’enrichissement de l’uranium en Iran, un pays qui n’en a aucun usage civil ?

Nous proposons à l’Iran un chemin, par le dialogue et la coopération ; c’est l’intérêt de ce pays, qui aurait ainsi un vrai accès au nucléaire civil et contribuerait à construire un avenir de paix pour la région ;

Tant que l’Iran choisit le fait accompli, nous n’avons pas d’autre choix que de renforcer son isolement : cela passe par de nouvelles sanctions du Conseil de sécurité et de l’Union européenne, et par la nécessaire retenue des entreprises vis-à-vis de relations économiques et financières avec ce pays

Mais les pays qui respectent les normes internationales de non-prolifération et de sûreté doivent avoir accès au nucléaire civil, à commencer par les pays musulmans. Je veux le redire ici car c’est ma conviction profonde. Le nucléaire civil est la principale énergie du futur. Il ne peut être réservé aux seuls pays occidentaux. La France veillera naturellement à ce que toutes les garanties de sécurité soient prises.

Vous avez rappelé, Monsieur le Président, le traumatisme de la conférence de Durban de 2001, et les débordements intolérables qui ont fait de cette conférence une tribune contre ’Etat d’Israël. Une conférence de suivi est prévue pour 2009. Je n’accepterai pas que les dérives et les outrances de 2001 se répètent. La France présidera l’Union européenne dans les derniers mois précédents la conférence. Elle saura se désengager du processus si nos exigences ne sont pas prises en compte.

Je vous remercie, Monsieur le Président, d’avoir fait mention, dans votre beau discours, de ce projet que je forme d’une Union pour la Méditerranée. Je voudrais vous dire, avec la simplicité qui caractérise les propos que peuvent s’échanger des amis, que je crois et que j’espère dans ce projet aussi fortement que Jean Monnet et Robert Schuman croyaient dans leur projet d’une Europe du charbon et de l’acier préfigurant une union politique des pays européens.

Pour la France et pour l’Europe, le cercle formé par les pays riverains de la Méditerranée est le lieu de toutes les richesses et de tous les risques. Richesses naturelles, économiques, culturelles… Risques environnementaux, risques de la pression migratoire, des écarts de niveaux de vie, de la guerre des civilisations sur fond de différences religieuses. La Méditerranée peut devenir un fossé qui se creuse inexorablement et relègue définitivement l’Afrique aux frontières du développement et de la démocratie. Mais elle peut aussi devenir un trait d’union de paix et de prospérité entre les peuples de ses deux rives. Ma conviction est que nous avons le pouvoir de choisir et que la politique n’a aucun sens, aucune raison d’être, si elle n’est pas capable d’oser faire le choix du rêve méditerranéen.

C’est pourquoi, le 20 décembre dernier, à Rome, avec le premier ministre espagnol et le premier ministre italien, j’ai lancé un appel pour la création d’une Union pour la Méditerranée. Rassemblant sur un pied d’égalité tous les pays riverains de la Méditerranée, cette Union aura pour objet de créer des solidarités de fait entre ses membres par la mise en œuvre de projets concrets. Israël a naturellement vocation à faire partie de cette Union.

Depuis 2002, nous avons beaucoup travaillé pour combattre et enrayer l’accroissement des actes antisémites commis sur notre territoire. Tout au long de ces années, j’ai entendu dans cette salle bien des commentaires et bien des discours sur la réduction progressive du nombre des infractions, l’identification et la condamnation plus systématique des auteurs, le renforcement de la législation. Que l’on me pardonne cette confession tardive : j’ai eu souvent le sentiment d’y avoir pris une certaine part…

Nous avons travaillé main dans la main avec le CRIF, la police, la justice, l’Education nationale. Nous avons développé les instruments d’une lutte plus efficace contre les actes racistes et antisémites. Nous avons débloqué plusieurs millions d’euros pour sécuriser, avec le fonds social juif unifié, un certain nombre de lieux particulièrement exposés, en particulier les écoles et les synagogues. Voilà d’ailleurs une action pour laquelle il a fallu vaincre bien des rigidités, qui n’étaient pas toutes étrangères à une conception étroite de la laïcité.

Nous avons obtenu des résultats. Les faits d’antisémitisme sont en baisse dans notre pays. Notre image internationale s’est significativement redressée. Ma plus grande tristesse demeure, naturellement, de ne pas avoir pu empêcher le meurtre barbare d’Ilan Halimi. Il faut poursuivre sans relâche la prévention de l’antisémitisme et la répression des infractions. A cette fin, la mémoire de la Shoah joue un rôle capital. Je sais que vous y êtes attentifs. L’Etat participera au financement du budget de fonctionnement du mémorial du Camp des Milles. Monsieur le Président, je vous l’ai promis. De même, la France soutient le projet de création d’un musée d’histoire des juifs de Pologne en face du monument commémoratif de l’insurrection du ghetto de Varsovie, et lui apportera son concours.

Mais c’est d’abord à la mémoire et à la transmission de la Shoah vers les jeunes générations que la France doit consacrer toute son attention et toute son énergie. Nous le devons aux victimes. C’est surtout notre meilleure arme contre le racisme et l’antisémitisme, et notre seule protection contre le réveil de la bête immonde et la réitération des faits, aussi bien ceux qui furent infligés par la barbarie nazie que ceux qui furent commis par les autorités françaises.

La France ne doit rien abandonner de l’enseignement de la Shoah dans les établissements scolaires. Elle ne doit céder à aucune facilité, à aucun amalgame. Enseigner la Shoah et sa spécificité, c’est combattre tous les racismes, c’est ouvrir chacun à sa condition de victime potentielle et de citoyen responsable, c’est créer une mémoire commune sans laquelle il ne peut y avoir de volonté de construire un avenir commun.

Mais cette éducation doit être suffisamment précoce pour toucher aussi les cœurs. C’est dans les premières années de l’éveil de sa conscience qu’un enfant doit être élevé dans le rejet absolu du racisme. C’est pourquoi j’ai demandé au gouvernement, et plus particulièrement au ministre de l’éducation nationale Xavier Darcos, de faire en sorte que, chaque année, à partir de la rentrée scolaire 2008, tous les enfants de CM2 se voient confier la mémoire d’un des 11 000 enfants français victimes de la Shoah.

Les enfants de cet âge sont souvent plus graves que leurs aînés. Ils sont attentifs aux êtres, à l’intimité des noms et des prénoms, à l’importance de leur environnement le plus quotidien. Comment seraient-ils alors insensibles à l’histoire de ces enfants, qui avaient les mêmes jeux, les mêmes joies, et les mêmes peines qu’eux, et qui, progressivement, ont été exclus de leur école, séparés de leur famille, chargés dans des trains pour un voyage sans retour ? Le succès mondial du Journal d’Anne-Frank montre la puissance d’évocation et d’illustration que comporte pour un enfant le récit d’une histoire qui aurait pu être la sienne.

Les enfants ont payé le plus lourd des tributs à la Shoah. Vous en savez quelque chose, Monsieur le Président, puisque vous êtes né à Gdansk le 7 juillet 1945. Dans cette Pologne où les historiens considèrent que moins d’1% des enfants juifs ont survécu, votre naissance est tout simplement un miracle. Peut-on trouver plus noble dessein que de permettre à ces enfants martyrs d’être les pédagogues éclairés de nos propres enfants ?

Je vous remercie.