Monsieur le Président,
Mesdames et Messieurs,
Chers Amis,
Je remercie l’American Jewish Committee et tout particulièrement sa représentante à Paris, Mme Valérie Hoffenberg, d’avoir pris l’initiative de l’organisation du dîner qui nous réunit ce soir. C’est un grand plaisir pour moi de vous rencontrer et, pour certains d’entre vous, de vous retrouver.
Je suis désireux de nouer avec les organisations de la communauté juive américaine les relations les plus étroites. Je serai, dans cet esprit, heureux de recevoir au Quai d’Orsay vos délégations pour poursuivre le dialogue riche et fructueux qui est le nôtre depuis plusieurs années.
Les contacts que notre ambassade à Washington et nos dix consulats généraux aux Etats-Unis entretiennent, dans leurs circonscriptions respectives, avec vos associations, vos organes de presse, vos centres culturels et vos synagogues s’inscrivent également dans cette volonté d’un dialogue sincère, constructif et régulier avec la communauté juive américaine. Merci de tout ce que vous apportez à ce dialogue.
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Je voudrais ce soir d’abord vous rappeler le dispositif mis en place par le gouvernement français pour combattre en France le racisme et l’antisémitisme.
L’antisémitisme est en totale contradiction avec les valeurs de la France et avec les valeurs de la République.
Comme l’a exprimé avec force le pPrésident Chirac, "s’en prendre à un juif, c’est s’en prendre à la France tout entière".
Face à ce fléau, la détermination du gouvernement français est totale.
La création en 2003 du Comité interministériel de lutte contre le racisme et l’antisémitisme, instance de coordination présidé par le Premier ministre, témoigne de l’engagement dans ce combat de l’ensemble du gouvernement.
L’action volontariste du gouvernement français depuis 2002 s’est traduite par un très grand nombre de mesures prises, en concertation étroite avec la communauté juive, dans plusieurs domaines prioritaires : la protection, la répression, l’éducation, les moyens de communication et, enfin, la coopération internationale.
La protection, puisque, dès l’été 2002, nous avons renforcé la sécurisation des établissements de la communauté juive. L’Etat veille également, en liaison avec les communes, à la protection des cimetières.
La répression, dans la mesure où nous avons renforcé notre dispositif législatif en prévoyant que le motif raciste ou antisémite d’une infraction constitue une circonstance aggravante permettant le prononcé d’une sanction plus lourde. Nous avons donné des instructions de grande fermeté aux parquets qui sont invités, le cas échéant, à faire appel de condamnations jugées trop clémentes. Je voudrais rappeler, à titre d’exemple, que l’auteur des graffitis nazis du mémorial de Douaumont a été condamné à deux ans de prison dont un ferme.
L’éducation, parce que nous pensons que l’école est le lieu privilégié de la lutte contre le racisme et l’antisémitisme. Un "livret républicain", inspiré par un idéal de tolérance et de respect mutuel, a fait l’objet d’une large diffusion dans les établissements scolaires. Un dispositif de repérage et de traitement des actes racistes et antisémites en milieu scolaire a été mis en place dans les académies.
Notre approche pédagogique consiste aussi à développer à l’école l’enseignement du fait religieux. Sans renier notre attachement à la laïcité, nous voulons combattre l’inculture religieuse parce que nous entendons développer chez nos enfants un véritable esprit de tolérance fondé sur la connaissance des valeurs et des croyances de l’autre.
L’action du gouvernement concerne également les moyens de communication. Grâce à l’adaptation de notre législation, le Conseil supérieur de l’audiovisuel a pu, comme vous le savez, interdire, en décembre 2004, la diffusion sur le territoire français de la chaîne Al-Manar en raison de ses programmes à contenu antisémite. Nous avons, de même, interrompu le signal d’Al-Manar vers l’Asie et l’Amérique du Sud qui était relayé par la société Globecast, filiale de France Télécom.
Enfin, le gouvernement poursuit à l’extérieur l’action entreprise en France contre le racisme et l’antisémitisme par la coopération internationale que ce soit avec l’Union européenne, les Nations unies ou l’OSCE. Nous sommes en particulier très attachés à la définition d’un code éthique pour contrecarrer l’utilisation dévoyée d’Internet.
Notre lutte contre l’antisémitisme est donc multiforme. Elle est de tous les instants.
Nous constatons aujourd’hui que notre politique porte ses fruits puisque, comme nous l’avons appris récemment, le nombre d’actes antisémites constatés au cours du premier trimestre 2005 a diminué de près de 50 % par rapport à la même période en 2004. Ce sont les actions violentes qui ont le plus baissé avec trois fois moins de faits constatés en 2005 par rapport à 2004.
Nous devons toutefois rester vigilants et poursuivre nos efforts.
Comme l’ont souligné avec force les autorités françaises lors de la commémoration de la libération des camps et de la fin de la Seconde guerre mondiale, il n’y a pas de place en France pour l’antisémitisme et il n’y a qu’une seule stratégie face au racisme : la tolérance zéro.
Je voudrais conclure sur ce point en rappelant que le gouvernement a installé, en juin dernier, la Haute autorité de lutte contre les discriminations et pour l’égalité (HALDE). Certes, les victimes de discrimination ou les associations pouvaient déjà saisir directement la justice, mais les pouvoirs publics ont voulu aller au devant des victimes en créant une institution qui puisse être saisie par le public ou se saisir elle-même de tous les cas de discrimination. Toutes les discriminations, qu’elles proviennent du racisme, de l’intolérance religieuse, du sexisme, de l’homophobie ou du rejet des handicaps, qu’elles soient constatées lors de la recherche d’un emploi, la demande d’un logement ou dans toute autre circonstance, entrent dans le champ de compétence de la Haute autorité. La HALDE a pour mission d’accompagner une victime d’une discrimination afin de lui permettre d’obtenir réparation. Si son action de médiation échoue, elle a le pouvoir de saisir la justice. Le gouvernement vient ainsi de se doter d’un nouvel instrument pour renforcer l’égalité des chances et, par là-même, favoriser l’intégration de tous à la société française.
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Je voudrais maintenant évoquer brièvement la politique française au Proche-Orient.
Nous avons eu le plaisir de recevoir à Paris, en juillet dernier, le Premier ministre d’Israël, M. Ariel Sharon. Comme tous les observateurs l’ont noté, cette visite a été un très grand succès et s’est déroulée dans une atmosphère particulièrement chaleureuse. M. Sharon a rendu un hommage appuyé à l’action du président de la République. Nous y avons, bien sûr, été très sensibles. Le président Chirac a loué le courage exceptionnel du Premier ministre Sharon engagé dans le processus de retrait de Gaza.
Je me suis moi-même rendu en Israël et dans les Territoires palestiniens la semaine dernière pour examiner les moyens que la France pouvait engager afin de contribuer au développement de Gaza au lendemain du retrait israélien.
S’agissant du Liban, je participerai demain avec Condoleezza Rice à une réunion ministérielle destinée à contribuer à la reconstruction du pays après dans le cadre de la page nouvelle qu’il est en train de tourner.
Sur d’autres dossiers régionaux, vous savez que mon pays est un acteur engagé. Je pense naturellement à l’Iran où nous menons avec nos amis Britanniques et Allemands une négociation difficile sur le dossier nucléaire.
Je suis prêt à répondre à toutes vos interrogations sur ces différents dossiers.
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La lutte résolue contre le racisme et l’antisémitisme, le combat contre les discriminations et pour l’intégration, la promotion d’une éducation de la tolérance et une action internationale au service de la paix, ce sont là des orientations fondamentales de la politique française. Je vous remercie de l’occasion que vous m’avez donnée de vous les présenter ce soir.
La France est certes un vieux pays mais c’est un pays qui agit et qui se modernise, un pays qui s’adapte et qui fait face aux difficultés, pour être sans cesse toujours plus digne d’avoir pour devise : la liberté, l’égalité et la fraternité. Car, comme les idéaux de la Révolution américaine, les idéaux de la Révolution française n’appartiennent pas au passé. Ils nous inspirent aujourd’hui et éclairent notre route.
Je compte sur vous pour faire connaître aux membres de vos organisations respectives l’action de la France sur les sujets que nous venons d’évoquer.
Je vous remercie./.
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